Porto, à tâtons

 
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Novembre 2019.

Dans ma tête, un vrai chaos. Mon cœur brisé et mon moral au plus bas. Le point de non-retour a été atteint, et le deuil causé par la perte de ma maman m’a fauché en plein vol. On croit toujours (à tord) que les premiers temps sont les plus difficiles dans un deuil, or ce sont souvent les mois suivants, quand plus personne ne se préoccupe de votre état et tout le monde vous croit commencer à remonter à la surface alors que vous êtes clairement en train de sombrer.

Alors il a fallu continuer à (sur)vivre.

Aller de l’avant, comme ils disent. Mais on ne peut même plus faire semblant de sourire, il n’y a que cet état latent, ce sourire en berne qui nous poursuit et on donnerait tout pour pouvoir retrouver ne serait-ce qu’un semblant de sérénité, un léger sourire.

Porto n’était pas initialement dans nos plans, un séjour en amoureux, impromptu, un voyage remporté par mon amoureux à un jeu. Une parenthèse dans cette nouvelle vie monotone, accueillie sans trop d’enthousiasme puisque rien ne pouvait - à ce moment-là - m’amener de la joie ou, que sais-je, une once de sérénité.

Mon seul et unique plaisir étant de me réfugier dans des lectures, être ici ou ailleurs ne comptait alors pas vraiment dans ma vie.

Mais revenons à l’essentiel, Porto. Je connaissais déjà sa jolie consœur Lisbonne, arpentée quelques années auparavant, et qui m’avait laissée de merveilleux souvenirs. Difficile alors de ne pas faire de comparaisons entre les deux villes portugaises.

Avec le recul, je sais que même si je me fichais de tout à cette période-là de ma vie, je garde un très beau souvenir de Porto, qui m’a autant conquise que Lisbonne. Elle m’a fait du bien, même si, de toute évidence, je ne le reconnaissais pas à cette époque.

La douceur de vivre, la gentillesse des habitants, la beauté des azuléjos, mais surtout le réconfort des viennoiseries et des plats portugais ont embaumés mon cœur d’un peu de chaleur et d’allégresse.


Comment conter une aventure quand son corps vaquait sans aucun attrait dans une ville pourtant si joyeuse et colorée ?

 
 
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Si je devais définir Porto en un mot, je dirais “convivialité”. C’est aussi et sûrement le terme qui sied le mieux aux portugais, tant leur bienveillance, sympathie et joie de vivre sont communicatives.

C’est à Porto que je me suis perdue, et en même temps, je n’ai pu rester insensible à son charme, elle a fait partie intégrante de ma reconstruction. Malgré tout le mal enfouit au fond de moi, je savourais modestement, pas à pas, les beautés architecturales, les ruelles pavées s’offraient à mon errance et je déambulais dans les ruelles à la recherche d’un petit je-ne-sais-quoi, un soupçon de curiosité m’aidait à photographier, à tendre le regard au-delà des brisures, contribuant à me faire oublier un peu de chagrin, le temps d’un instant.

En s’enfonçant sur les bords du fleuve, on retrouve un peu de cohue humaine, entre touristes paumés et locaux flâneurs autour d’un verre, les musiciens nous inondent de leur art pour un moment, comme par magie on se faufile, on s’abandonne ici, à regarder la vie s’agiter autour d’un verre de Porto.

 
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Le soir venu, quand le vent a faibli et que doucement la chaleur du soleil embrase le ciel de tonalités chaudes, il est temps de rejoindre les quais, à la recherche d’une bonne taverne.

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Nul doute que les portugais sont de bons-vivants, nous sommes toujours très bien reçus, les tavernes, caves et autres adresses ne cessent de nous faire de l’œil, on s’y enivre, on déguste, on apprécie chaque instant de découverte d’un met, simple au possible mais si bien mijoté, sans fioriture.

Ici on vous sert des plats comme on vous recevrait le dimanche en famille, à la maison. Cette simplicité frappe et nous remet à notre place.

J’ai découvert pas à pas, au rythme de l’automne, une ville à l’architecture hautement historique, d’une richesse incroyable, chaque morceau de mur, de pavé, offre un bout d’histoire à contempler.

Pour la première fois depuis longtemps, nous naviguons à vue, si l’on puis dire, pas de plans, pas d’organisation, on fera au feeling, en fonction de la météo (capricieuse), et cela nous va très bien. On prend le temps de se fondre au milieu des locaux, et des quelques touristes venus ici hors-saison tenter l’expérience d’une découverte à contre-courant. Arpentant les ruelles tantôt sous des trombes d’eau, tantôt sous une illumination clinquante, on retient d’autant plus la leçon apprise ces dernières années en voyageant : l’adaptation. Elle est alors plus que nécessaire en ce mois de novembre plutôt foireux, des vents tempétueux, de la pluie quasi-incessante, Porto n’aura pas été de tout repos, mais elle conforte l’idée que j’en ai eue, d’une ville avec de caractère.

Peut-être est-ce cela que j’ai eu besoin de retrouver ?
De la force, du courage, et la volonté de s’émerveiller toujours présente au fond.
Elle n’a fait qu’accentuer l’écho, d’un voyage en apesanteur, subtil, fourbe, dont je garde finalement un doux souvenir.

 

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