Le Caire & les Pyramides de Gizeh
Quoi de mieux pour terminer le récit de ce merveilleux voyage en Égypte, que de finir en apothéose ? Avant mon départ, mes proches étaient formels. Le Caire c'est tout ce que tu vas détester. C'est sale. C'est moche. C'est dangereux. Et j'en passe...
Les descriptions que l'on m'en fait sont unanimes, cette ville n'est pas faite pour moi. Qu'ils y aient vécu plusieurs mois ou simplement passé des vacances, tous m'en ont dressé un portrait plutôt pessimiste. J'y partais donc avec de nombreuses appréhensions.
Le Caire. Cairo. Al-Qãhira. La Victorieuse.
16 millions d'habitants. Rien que ça.
Capitale d'Égypte. Classée au 11ème rang des plus grandes villes du monde.
Ce samedi matin, à l'aube, nous quittons le Steam Ship Sudan, Ashraf, Alaadin & tous les autres. Le cœur serré.
Un avion nous attend en direction de la plus grande ville d'Afrique. Aujourd'hui nous allons découvrir l'une des 7 Merveilles du monde subsistant encore sur notre terre. La journée promet d'être belle et enrichissante.
Nous arrivons au Caire sous une épaisse brume. Nous nous sommes quelque peu documentés et savons que cette brume de pollution/chaleur, courante en hiver, s'estompe plus ou moins sur les coups de midi. Sauf que notre programme prévoit la visite des Pyramides de Gizeh le matin et le Musée égyptien du Caire l'après-midi. Ce qui n'arrange pas nos affaires. Voir les Pyramides dans le brouillard ? Pas top pour les photos...
Notre correspondant Georges nous attend à l'aéroport, et nous embarque enfin dans la mégapole.
1er choc urbain de la journée : la conduite. Au premier abord plutôt cool (quand on a été plongés dans la conduite sud-asiatique on sait de quoi on parle) on se rend rapidement compte que l'on va bien s'amuser...
De trois files de voitures ils nous en inventent six... au final on ne sait plus très bien à quoi elles servent... ces lignes blanches au sol !!
Mais le plus hallucinant dans tout ça, c'est surtout la vitesse à laquelle ils conduisent, et le nombre de gens qui traversent... tout le temps... partout...
Pour vous donner un exemple, imaginez-vous sur une autoroute en France, lancés à 100 km/h, des piétons traversant de tous les côtés et des voitures faisant des zigzags entre elles... Ça donne à peu près ça.
Des voitures toujours aussi vintage, allant à toute allure, dans un joyeux bordel organisé. Ici, les routes se superposent, des ponts enjambent d'autres ponts, des voitures et des gens semblent surgir de partout. Si l'on devait définir la ville en un mot ce serait le chaos.
Chaotique, bouillonnante, bruyante. On le sait avant d'y venir et on en comprend tout le sens en y séjournant.
À cette folie urbaine s'ajoute le bruit des klaxons. C'est comme s'ils étaient actionnés en permanence. Que ce soit pour avertir, pour pousser quelqu'un, pour saluer, et même souvent pour rien ? Le klaxon est l'élément indispensable à la vie de tout bon cairote.
Au début tout paraît fou, on a les yeux rivés sur tout, on contemple ce joyeux bordel tel un spectateur devant un show.
Tout a l'air si kitsch, vieillot, et pourtant des panneaux publicitaires dignes de Times Square envahissent les routes, cela paraît tellement surréaliste et à la fois contradictoire au milieu de... ruines ? J'exagère, certes, mais le contraste est saisissant. Quand on observe la ville, une autre chose frappante saute aux yeux après la conduite et la surpopulation, ce sont les immeubles.
Un amas de briques superposées. Du gris. Partout. Entre la brume et la poussière, la ville a des allures de ville obscure. Les poubelles, jonchant le sol, le haut des bâtiments abandonné au ciment et aux briques, on a l'impression d'être en zone de guerre.
Tout autour de moi me taraude l'esprit. J'observe béatement ce qui ressemble clairement à une maquette de ville recouverte de sable. Car oui, Le Caire est une ville, mais une ville construite aux portes du Désert, et celui-ci n'hésite pas à se faire voir dans ce paysage urbain. La pollution et la poussière lui confèrent alors un genre typiquement original.
Sur notre route, nous nous arrêtons récupérer notre guide pour la journée. Un Georges peut en cacher un autre. Il faut dire qu'ici, les coptes ne sont pas très originaux dans le choix des prénoms ;)
Après quelques minutes d'échange, il nous annonce que nous changeons nos plans et filons visiter le Musée du Caire. YOU-PI !
Le Musée égyptien du Caire
Nous voici, en ce samedi matin, Place Tahrir, la célèbre place du Caire, réputée pour ses manifestations houleuses, des militaires surveillent les lieux, nous ne nous attardons pas et partons visiter ce fameux musée.
Considéré comme l'un des plus grands sites de fouilles archéologiques, il regroupe de nombreuses collections et des trésors de l'antiquité égyptienne. Les photos y sont interdites, nous devons donc laisser notre attirail à l'entrée.
Notre visite débute par la salle des momies royales. Dans un silence de plomb. Il faut, pour y accéder, s'acquitter d'un ticket à part, l'entrée au musée ne vaut pas de laisser-passer pour cette salle. Des momies de Ramsès II à Thoutmôsis III, reposant dans des vitrines, on peut y observer avec grand intérêt les détails de chacun... le moment est solennel.
On continue la visite et les découvertes s'enchaînent sous les explications de Georges, passionné par l'histoire de son pays qui met à cœur de nous transmettre son savoir. Parfois, nous devons lutter avec la faim se faisant sentir et le manque de sommeil.
J'ai perdu malgré moi plusieurs fois le fil des explications, et j'en suis peinée tant cela était intéressant... Nous ne pouvons nous attarder ni même visiter toutes les salles tant ce musée est grand et fourni, il faudrait y consacrer une bonne journée voire un peu plus selon les récits des guides. On y trouve des objets de toute sorte mais surtout les trésors de la tombe de Toutankhâmon.
Chambre funéraire, trône, bijoux... tout ici est un émerveillement, et j'ai été en admiration pendant de longues minutes devant les couleurs et la beauté de ses bijoux, ainsi que de ses chaussures. J'ai aussi beaucoup apprécié la salle où d'innombrables papyrus sont exposés aux murs. Aussi beaux qu'indéchiffrables soient-ils.
Il est l'heure d'aller manger quand nous sortons du musée, Georges a une bonne adresse à nous faire découvrir. Après plusieurs minutes de route dans les rues encombrées de la ville, nous arrivons au restaurant Andrea El Mariouteya.
À première vue, je suis assez déçue par le lieu qui fait trop "resto à touristes" que l'on a spontanément envie de fuir, et me demande alors dans quoi l'on s'embarque... moi qui rêvait de manger local, et un boui-boui de rue plus typique... Poursuivons...
En entrant nous apercevons du poulet cuisant tendrement à la broche, mais aussi des femmes, préparant des tas de Shamsi (petit pain égyptien appelé aussi pain soleil) prêts à être enfournés sur place... Hummm!! Je retrouve mon appétit et ma bonne humeur, ce petit coin n'est peut-être pas celui que je croyais...
Nous voici donc attablés avec notre gentil guide, quand de nombreux mezze viennent se côtoyer sur notre table... Une fois la table remplie, nous commençons notre repas pensant avoir été servis entièrement... Lorsqu'un énorme poulet, des frites et encore d'autres mets viennent se poser par ici... Et là on se demande comment on va faire... pour tout manger...
Autant dire que l'on s'est fait plaisir entre le Tahini et le caviar d'aubergine, avec du Shamsi, c'est indéniablement mon pêché mignon... J'aurais tellement aimé pouvoir en ramener.... fiouuuuu...
Finalement cette adresse ne paye pas de mine, semble surfaite, mais c'est un endroit en définitive plutôt sympa. Je valide.
Les Pyramides de Gizeh
En route pour la Nécropole de Gizeh, cet après-midi on va enfin toucher du doigt notre rêve. On va découvrir les célèbres Pyramides de Gizeh.
Connue pour être la dernière des 7 Merveilles du Monde Antique encore debout, la Pyramide de Khéops est la plus grande, la plus ancienne et la plus impressionnante des trois édifices. On se demande comment des homme ont pu ériger de tels monuments avec les moyens de l'époque, c'est juste à peine croyable.
Elle mesure aujourd'hui 137 mètres de haut (elle faisait 146 mètres à son achèvement) et représente à elle-seule pas moins de 2 millions de blocs de calcaire de 2,5 tonnes chacun. Autant vous dire que l'on se sent petit et peu costaud à ses côtés.
Il y a aussi ses deux compères, les Pyramides de Khephren et de Mykérinos. Selon certains égyptologues, il existerait une théorie selon laquelle la position et l'orientation des Pyramides concorderaient avec la position des étoiles.
On prend là toute la pleine mesure du savoir des ingénieurs de l'époque, capables de faire s'élever de tels mausolées avec peu de moyen. Une vraie prise de conscience que de se retrouver aux pieds de ces merveilles architecturales ayant traversé les siècles.
Notre visite continue dans le Musée de la Barque Solaire dont je trouve l'emplacement assez grotesque, bien qu'en lien direct avec le site et situé à l'endroit même où la barque fut retrouvée, enfouie. Je trouve qu'il gâche énormément la vue sur les Pyramides.
Celui-ci ayant pour seul intérêt la reconstruction à partir de 1 200 morceaux de bois de la Barque Solaire, embarcation permettant le transport du pharaon sur le Nil de la Terre des Vivants au monde des Morts.
Le soleil se couche sur le plateau de Gizeh, nous terminons notre visite par le Sphinx, célèbre homme-félin que l'on ne présente plus.
Après cette incroyable et très looooongue journée depuis notre départ d'Assouan à l'aube, la fatigue commence sérieusement à se faire sentir, je m'endors même dans le van qui nous conduit à notre hôtel. Mais le spectacle des embouteillages va vite me réveiller et me remettre dans l'ambiance cairote. Je crois bien que j'adore cette ville, complètement timbrée.
Après plusieurs arrêts, l'apprentissage de la traversée de chaussée avec Georges et des embouteillages rocambolesques, nous arrivons à Zamalek, une heure plus tard.
Ce soir, on dort au Novotel Cairo El Borg, dans une magnifique chambre avec vue sur le Nil. L'hôtel est incroyable, à peine arrivée je me plonge dans l'ambiance de la ville entre musique à fond, klaxons, sirènes, prières et autres sons, je passe une heure à observer par ma fenêtre le rythme effréné de cette ville de folie. Une journée c'est si peu, je voudrais y rester deux jours de plus pour en prendre réellement le pouls, mais pas plus, je crois que je suffoquerais...
Ce soir, tels des aventuriers, Manu, Seb & moi partons en virée dans Zamalek, tels de vrais cairotes, on n'hésite pas à se jeter sur les routes pour traverser, on est littéralement morts de fatigue, mais on finira la soirée avec deux de nos compagnons du Sudan, Pascale & Nicolas, entre mezze, chicha, et rigolades....
Contre toute attente, et bien loin de tout ce que je pouvais imaginer, ce qui me paraissait être le moins plaisant aura au final été mon plus gros coup de cœur du séjour. Le dépaysement ici est total, et c'est ce qui rend Le Caire unique au monde.
J'ai adoré cette ville, sa folie, sa saleté, son vacarme incessant, ce soir je m'endors au Novotel, des sons plein la tête, sur-excitée et tellement triste à l'idée de devoir quitter ce lieu à l'opposé de toute la quiétude de ma vie à Ajaccio... Même le double-vitrage ne suffira pas à étouffer ce tapage, dont je suis - pour le coup - ravie de pouvoir prolonger le moment... à travers mes rêves.
Le Caire tu m'as bouleversé...
J'espère te revoir un jour...
Un énorme et GRAND merci à Voyageurs du Monde qui a rendu ce séjour possible, à tous ceux présents sur le bateau, de l'équipage aux passagers avec qui les moments partagés ont été brefs pour certains mais agréables, à nos guides Alaadin & Georges, nos correspondants & surtout surtout surtout Miles & Love et Wild Birds Collective.