L'échappée belle en Camargue

 

Mas, manades, gardians, flamants roses, oiseaux migrateurs, bienvenue en Camargue, haut-lieu de la biodiversité pour une jolie découverte printanière, la parenthèse enchantée d'un week-end au plus près de la nature.

Parfois notre destinée nous conduit vers des chemins nouveaux, la vie se charge de nous apporter son lot de surprises et d'imprévus. Intermède au beau milieu de mes vacances, la Camargue était le petit bonus d'une virée dans le sud de la France.

Nos routes tracées sont parfois faites d'échappatoires, de moments de pause où le présent occupe alors une part importante de nos vies. Où nous nous sentons vivants. Moments de grâces, de volupté. Où comment une halte s'est transformée en un doux voyage, un bel interlude arrivé à point nommé quand on ne s'y attendait pas.

Me voici en route, en ce dimanche après-midi, pour découvrir un coin de France inconnu à mes yeux, mais qui me parle déjà au fond.

La Camargue, doux nom fantasmant, qui évoque immédiatement la nature, les espèces végétales et animales, la douceur fragile opposée à l'environnement sauvage. Un territoire s'étendant d'une part et d'autre du Delta du Rhône, la Petite et la Grande Camargue sont réparties entre les régions du Gard et des Bouches-du-Rhône.

Mon itinéraire débute à Arles, je roule en direction de la Petite Camargue, les paysages ne tardent pas à se verdir, les maisons se font de plus en plus rares, et laissent place à des plaines à perte de vue.

La Départementale 570 ressemble aux routes de chez moi, la pression des automobilistes aussi, je subis de plein fouet le stress du retour de ce long week-end de l'ascension à travers mes rétroviseurs, mais qu'importe, je suis en vacances, je ne me laisserais pas dessaisir de ces instants de bonheur, sur la route.

Comme une envie de m'arrêter à tous les kilomètres, d'immortaliser la beauté de ces champs, de ces marais, ces chevaux que je croise. Je me laisserais bien tenter par la découverte d'une de ces caves à vin bordant la route, par ces petits producteurs dont les étalages de produits locaux me font tourner la tête continuellement, la tentation est énorme, il y en a partout, mais je m'évertue à rester patiente.

AIGUES-MORTES

Première étape de ces deux jours et demi en Camargue, la cité médiévale d'Aigues-Mortes.

Cachée derrière d'immenses remparts, Aigues-Mortes sait se faire discrète, à l'intérieur de ses murs, elle préserve de jolies maisons que l'on devine à mesure que l'on pénètre intramuros.

À la manière d'un petit village, son centre se découvre lentement, au fil de petites adresses authentiques, pleines de charme, où se mêlent modernité et tradition.

Les terrasses qui ornent la place Saint Louis sont la promesse d'un moment de détente, où l'on y vient se désaltérer et observer furtivement les passants.

Bordée de salines, étangs et marais, Aigues-Mortes est une commune dont la singularité fascine, en immersion au cœur d'une nature abondante, on profite de chaque instant, les yeux écarquillés.

Après avoir flâné dans la vieille ville, je décide d'aller louer un vélo pour une balade digestive qui me permettra de découvrir plus intensément les chemins ruraux attenants.

Au retour de ma balade, une halte à la pâtisserie Poitavin s'impose pour goûter la célèbre fougasse sucrée de la région. Déroutant pour moi qui suis habituée aux focaccie italiennes salées, mais c'est drôlement bon.

LE SALIN DU MIDI

L'une des activités principales de mon après-midi consistera à balader à vélo, comme dit précédemment, mais pas n'importe où.

Il y a quelques mois encore, je pensais que les paysages de ce genre n'existaient qu'ailleurs, loin dans le monde. Mes rêves de Mexique et de plaines chiliennes et boliviennes toujours à des années lumières, je ne m'étais en fait, à vrai dire, jamais vraiment posé la question.

Et puis, lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la Camargue, grâce à l'article d'Amélie, les flamants roses ont été le premier facteur de cet élan soudain. Comment ai-je pu ignoré cette région de France depuis si longtemps ? Je la savais douce, sauvage, à la nature exubérante, mais sans jamais vraiment savoir finalement.

Me voilà donc, en ce bel après-midi de mai, seule avec mon vélo au milieu d'un paysage spectaculaire. Pas un bruit autre que celui de la faune ne vient se heurter à cette délicieuse vue, hormis le petit train, qui, une fois de temps en temps parcourt l'une des pistes du Salin.

Sur les bons conseils des agents d'accueil, j'ai opté pour ce Tour en Liberté d'environ 2 à 3 heures, qui permet de profiter des sentiers et de s'arrêter quand bon vous semble, c'est-à-dire toutes les trois minutes, pour prendre des photos. Avec votre vélo, vous êtes libres de parcourir les 11 kilomètres de piste prévus à cet effet.

Tantôt des étangs bleu-vert, tantôt des tables salantes roses, on passe par de multiples paysages, et de multiples sensations. Comme une enfant je sautille dès que j'aperçois des flamants roses, je rêvasse devant ce ciel si parfait, en harmonie avec le rose de la Dunaliella Salina, cette algue qui prolifère dès lors que l'eau devient trop salée.

La chaleur est intense, et la réverbération sur les salins l'accentue tout autant. Le miroitement entre ciel et sel impressionne, quelque soit le point de vue, l'horizon se dessine entrecoupé de ces couleurs pastel.

Devant le ballet des flamants se délectant de petits crustacés, je progresse sur mon petit sentier assez tranquillement, je ne croise personne et profite de ce cadre en me sentant privilégiée d'être là, pour seule compagnie la faune et la flore. J'essaie de me faire toute petite mais mon vélo grince parfois, ce qui a l'air d'énerver certaines espèces d'oiseaux qui me crient dessus pour me faire peur, je suppose.

Onze kilomètres et coups de soleil plus tard, ma balade prend fin, je me dépêche de ramener mon vélo chez Sport Expert car l'aventure continue et j'ai rendez-vous avec le coucher de soleil dans un autre endroit exceptionnel.

LE PARC ORNITHOLOGIQUE DU PONT DE GAU

Il est 18 heures lorsque je reprends la route, en direction des Saintes-Maries de la Mer, une commune que j'aurais aimé découvrir mais mon programme de ces deux jours ne me le permet pas, je viens donc de me trouver une énième excuse pour revenir en Terre provençale.

Une quarantaine de minutes plus tard, me voici devant le Parc ornithologique du Pont de Gau, un parc dont la réputation n'est plus à faire. Un espace naturel de 60 hectares qui permet l'observation de la faune au plus près. Ici les espèces sont nourries, elles sont pour certaines sédentaires tandis que d'autres migrent régulièrement.

À peine arrivée dans le parc, pas le temps de dégainer mon spray anti-moustiques tropical que je suis déjà entrain de me faire dévorer, littéralement. Ici les moustiques sont coriaces, et leur piqûre fait mal, vous ne risquez pas de les ignorer...

Je suis l'un des sentiers balisés qui me mène dans un environnement avifaune bruyant, où se côtoient canards et différentes espèces d'oiseaux, nichés, ici et là, dans des arbres, parfois un ragondin me frôle pour se jeter dans l'étang d'à côté. Je ne m'étends pas et poursuis en direction de mes amis les flamants roses, je compte bien les admirer de longues heures tant ils m'intriguent, me fascinent.

Le lieu n'est pas forcément propice à la détente, les flamants viennent d'être nourris, ils s'agitent dans tous les sens, cancanent, et surtout passent leur temps à se chamailler pour de la nourriture. Et attention, la nourriture c'est sacré, en seulement quelques minutes j'ai droit à de nombreux affrontements, c'est qu'ils sont nerveux
ces grands dada! Sachant qu'ils sont omniprésents dans le parc, et se déplacent en colonies, je ne vous raconte pas le brouhaha ambiant.

Le dîner touche à sa fin, les flamants roses s'alignent au coucher du soleil avant de prendre leur envol, le calme règne enfin.

J'avance pas à pas au milieu des marais, étangs, sansouïres et autres, ce grand échassier toujours en vue, admirable avec son plumage rose et ses yeux jaunes vifs.

Le ciel, semblable à ces oiseaux, change de tonalité avec la déclinaison du soleil, nous sommes une petite poignée de photographes à profiter du spectacle. Et peu à peu, sous nos yeux ébahis, le ciel se sature et s'assombrit sous l'effet du coucher de soleil.

Plus de deux heures se sont écoulées sans que je m'en aperçoive, je me dirige tranquillement vers la sortie, presque à reculons, ne voulant pas quitter ce lieu magique, je rentre à Aigues-Mortes, pour une dernière nuit dans cette charmante ville.

SALIN-DE-GIRAUD

Le lendemain matin, je quitte la Petite Camargue pour la Grande, en direction de Salin-de-Giraud, les paysages arides se mélangent aux étendues d'eau. Subtil mélange d'eau douce et d'eau salée, la Camargue fait état d'un territoire hostile, fragile, dont la prospérité tient de l'amour de ses habitants et du climat qui jouent un rôle essentiel envers cet écosystème à la fois rare et privilégié.

L'équilibre du millier d'espèces vivant ici se déroule au présent, et le Parc Naturel régional y est pour beaucoup.

Une heure plus tard, me voici au cœur d'un nouveau salin, il appartient à la même société que celui d'Aigues-Mortes, mais sert exclusivement à la production de sel de déneigement. Un espace aménagé permet de découvrir ces salins en hauteur avec une vue panoramique à 360°.

 

DOMAINE DE LA PALISSADE

Ce matin-là, j'ai rendez-vous au Domaine de la Palissade avec Jean-Marie, pour une balade à cheval dans un espace naturel protégé par le Conservatoire du Littoral.

Le cadre est déjà superbe, on se sent comme coupé du monde en pénétrant dans ce lieu.

Sur nos montures, nous voilà partis pour deux heures de découverte en pleine nature, Jean-Marie est un passionné et cela se ressent dès la première minute, il aime partager et conter ce lieu dans lequel il vit et travaille avec enthousiasme, et l'on se sent vivement impliqué et sensibilisé à la faune et la flore en sa compagnie.

Longeant le Rhône, entre eaux saûmatres et terres arides, je contemple ces paysages de mille couleurs, et savoure pleinement les récits du cavalier, Jean-Marie se moque parfois, lorsque je trotte ou peine à diriger mon cheval, difficile d'avoir la tête ailleurs et de s'improviser cavalière d'un jour avec un attirail photo sur soi.

Couverte de la tête aux pieds, et imbibée de spray anti-moustiques, je parviens tout de même à me faire envahir d'insectes, les piqûres d'arabis et de moustiques ne tardent pas à se faire sentir malgré mes précautions. Jean-Marie me dit que si je m'en sors avec une quinzaine de piqûres seulement, je pourrais me considérer comme chanceuse. S'infiltrer dans des zones humides, qui plus est sur un cheval, n'est pas une chose aisée et comporte souvent quelques désagréments selon la saison choisie, ce sont les risques à prendre lorsque l'on s'aventure en milieu naturel et ce n'est jamais bien méchant.

Outre ce léger détail, vite oublié face à cet environnement exceptionnel, je m'émerveille et profite de chaque instant passé ici.

Au bout de plusieurs minutes de promenade, nous faisons la rencontre d'un troupeau de chevaux sauvages, le spectacle est saisissant, des juments et leurs poulains nous font face, et je n'ai pas le temps de réaliser et déclencher mon appareil qu'ils s'empressent dans une course folle à travers les 700 hectares du domaine.

Nous croiserons plus tard d'autres chevaux, ceux-ci appartenant au domaine, lors de notre épopée. La diversité des espèces animales est particulièrement remarquable ici, on en prend toute la mesure lors de notre balade équestre, au sol comme dans le ciel, à travers les marais, roselières ou encore sansouïres.

On aimerait que la balade s'éternise, mais il est déjà l'heure de rentrer.
Ce fut une belle matinée, douce et enrichissante, au rythme des chevaux de Camargue, dans une nature sauvage troublante.

ROADTRIP AVEC DRIVY

La belle aventure, ces deux jours et demi passés en Camargue m'auront rendu encore plus amoureuse que jamais de la nature.

J'ai roulé, des kilomètres durant, au milieu de paysages fabuleux, l'envie de tout découvrir, goûter... Respirer la Camargue sauvage, se sentir toute petite au milieu d'épis de blé, s'arrêter au bord de route contempler les flamants roses, les manades de chevaux et taureaux camarguais.

Le Delta du Rhône, ses plaines et zones humides à perte de vue, la Camargue est un enchantement pour les sens. On redevient enfant, lorsque l'on pénètre en ces terres, et l'on prend instantanément conscience de la nature qui nous entoure, si belle et si diversifiée.

Au vu des très grandes distances et de la superficie et du territoire, il n'aurait pas été envisageable de visiter la Camargue autrement qu'en étant motorisée.

J'ai donc choisi la liberté en louant une voiture sur Drivy, une alternative à la location de véhicule, entre particuliers, on sélectionne la voiture qui nous convient le mieux, avec les options et le nombre de kilomètres souhaités, et l'on se met d'accord avec le loueur pour finaliser tout cela. Tout est facilement gérable avec l'application mise à disposition sur son téléphone, qui permet de s'assurer que la voiture est bien conforme, de signer le contrat en faisant l'état du véhicule avant et après.

Une première pour moi, qui s'est super bien passée, et que je renouvellerais sans hésitation, j'ai loué une Seat Ibiza très simple, qui me permettrait de partir et revenir à Arles, tout en visitant confortablement la Camargue durant 300 kilomètres.

Roseaux, marais salants, riziculture, sansouïres, roubines, des mots ancrés et bien communs à cette région. Classée réserve de biosphère et parc naturel régional, la Camargue est une région authentique et admirable, dont les richesses naturelles apaisent l'esprit et inondent l'âme de leur plus pure beauté.

Une main sur le volant, l'autre sur le rebord de la fenêtre, je vois défiler les paysages à travers mon pare-brise, bouffant les kilomètres, les cheveux aux vents. Je m'arrête saisir l'instant, je fais demi-tour, reviens sur mes pas... Je passe les vitesses langoureusement, me laissant aller au rythme de ma playlist, un groupe de flamants roses attire mon attention, je cherche en vain un lieu où m'arrêter, mais les routes continentales ne sont pas aussi simples que les routes de mon île, on ne peut pas s'arrêter où l'on veut ni comme on veut, ce qui est assez déroutant. Je passe alors beaucoup de temps à perdre du temps dans des allers-retours incertains, sur des routes que je ne connais que peu, à simplement vouloir immortaliser le moment.

Le soleil chauffe mon bras accolé à la fenêtre, l'asphalte brulant de cette journée électrise l’œil, un dernier arrêt sur le bord de la route pour acheter des produits de la région, du sel, du riz de Camargue, et me voilà repartie en sens inverse, pour regagner Arles.

Les nuances de verts alternent à mesure que je remonte vers le Nord, la fin de journée se rapproche timidement, je laisse derrière moi une Camargue qui m'a laissée béate d'admiration, une jolie trouvaille que je m’efforcerai de revoir, un jour, très bientôt...

QUELQUES ADRESSES TESTÉES & APPROUVÉES

Pour se restaurer :

Les Saladelles, à Salin-de-Giraud
Le Dit-Vin, à Aigues-Mortes
La boulangerie-pâtisserie Poitavin, à Aigues-Mortes

Pour se loger :

Le Royal Hôtel, à Aigues-Mortes

Activités :

Louer un vélo chez Sport Expert à Aigues-Mortes
Balade équestre au Domaine de la Palissade
Visite des Salins d'Aigues-Mortes
Visite du Parc ornithologique du Pont de Gau


Cet article est réalisé en partenariat avec Bouches-du-Rhône Tourisme et Drivy, tous les choix éditoriaux, écrits et photographiques me reviennent librement.

 
Précédent
Précédent

Un week-end farniente à Porto-Vecchio

Suivant
Suivant

Le Cap Corse d'Est en Ouest