Lombok : la douceur de l'île de Gili Air

 

Après une escapade d'une journée sur l'île de Nusa Lembongan, on a voulu poursuivre notre voyage plus en douceur, en s'octroyant une pause détente.
Deux jours de farniente, au bord de l'eau, à boire des Bintang et faire du snorkeling. Bienvenue à Gili Air.

Voyage effectué en Novembre 2013

De Nusa Lembongan à Gili Air

Nos pérégrinations balinaises nous ont menées jusqu'à Lombok, tout juste après notre journée à Nusa Lembongan, nous avons pris le bateau pour rejoindre une autre île, un peu plus lointaine cette fois, l'île de Gili Air.

Les Îles Gili sont trois îles aux caractères différents, de la plus sauvage Gili Meno à la plus festive Gili Trawangan, elles ont chacune leur charme et le plus difficile sera de faire un choix entre les trois.

Nous avons choisi Gili Air, qui se situe entre les deux, à la fois tranquille et sereine, elle garde une couleur locale tout en étant divertissante.

Gili Air, ne rien faire, mais le faire bien

  • FARNIENTE, subst. masc. : De l'italien fare (faire*) et niente (néant*), littéralement « ne rien faire ». Douce oisiveté, état d'heureuse inaction.

Les activités principales de l'île consistent essentiellement à se prélasser sur sa serviette ou dans un hamac, en sirotant un banana juice, en allant parfois voir ce que les eaux translucides ont à nous offrir; à savoir de jolis coraux et bancs de petits poissons colorés, mais une eau bien trop chaude pour pouvoir en apprécier la baignade, alors pour buller l'option piscine de l'hôtel n'est pas négligeable. Une petite manucure locale avec de jolis dessins exotiques, un peu de bronzette, de lecture et nous voici repartis en vadrouille.

Faire le tour de l'île en vélo est aussi un bon moyen de faire connaissance avec la population, ici essentiellement musulmane, et de découvrir des reptiles comme le lézard, il y en a toutes sortes à Bali et Lombok et ils peuvent parfois être très impressionnants de par leur taille.

Il faut savoir que les véhicules motorisés sont interdits sur l'île, il n'y a donc que la carriole tirée par des chevaux (que l'on appelle cidomo), le vélo ou encore ses pieds pour se déplacer ici, et c'est pas plus mal. L'île est toute petite et on en fait très rapidement le tour.

Petit point cidomo : je ne les ai pas trouvés aussi mal en point que ce que j'avais pu lire en amont, mais j'avais surtout lu sur le Lonely Planet que leur espérance de vie était de 3 ans, ce qui laisse dubitatif et incite plutôt à utiliser ses pieds.

Le soir venu, on longe le chemin devant la plage et l'on s'arrête au feeling devant un restaurant, le poisson frais cuit dans une feuille de bananier est le met le plus populaire ici, alors on s'en délectera durant tout notre séjour, entre deux sauces cacahuètes.

On profitera du calme et de la sérénité des lieux pour s'offrir un massaze, histoire de se coucher encore plus détendus qu'on ne l'était déjà.

Sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés...

Vous l'aurez bien compris, nos journées sont éprouvantes ici. Avoir comme dilemme la sieste, la plage ou la piscine est vraiment compliqué.
Alors, entre deux sessions de snorkeling dans le monde de Némo ou à contempler les coraux et coquillages esseulés sur le sable, on s'arrête chez des petits commerçants s'approvisionner en produits locaux.

Manger de la coco sur la plage deviendrait presque notre petit rituel, puis on enfourche nos vélos et on met le cap à l'ouest, l'eau est parfois loin, à marée basse, mais le soir elle réapparaît, et offre une véritable carte postale avec ses petits bateaux au premier plan (les prahu à balancier).

Puis vient l'heure de l'apéro, on se cale dans une hutte au bord de l'eau et l'on observe avec grâce les effets du soleil couchant, il faut parfois attendre plusieurs minutes une fois celui-ci disparu pour apercevoir des couleurs incroyables dans le ciel.

À chaque jour suffit sa peine

Fleurs de frangipaniers, musique reggae et cris des enfants nous accompagnent dans nos journées, ici on s'amuse d'un rien, et tout est prétexte au jeu, on aime ces moments de joie et ces rencontres au fil de nos balades.

La bienveillance et le partage sont la richesse de ces gens, qui vivent leur vie spontanément, sans se soucier du lendemain, le moment présent est leur seule préoccupation, et je trouve cette philosophie de vie tellement plus enrichissante, vivre pleinement chaque minute de sa vie, voilà la clé du bonheur.

Le dernier jour sur l'île, nous avons attendu l'arrivée de notre bateau du côté du harbor, en compagnie de jeunes, en chantant, papotant, l'heure et le temps n'avaient guère d'importance, ils s'en allaient ramasser des fruits puis revenaient les partager avec nous jusqu'à plus faim, on avait beau refuser, ils insistaient toujours, croyant que nous étions morts de faim... toujours le bon mot, le sourire, de leur modeste vie ils ont beaucoup plus de valeurs que nous n'en avons dans notre confort, c'est la réflexion que je me fais à chaque fois.

Le bateau tardant, on décide finalement de grignoter un bout, on demande au warung tenu par une gentille dame ce qu'il se cache dans la feuille de bananier qu'elle présente, et l'on découvre un plat suffisamment piquant pour me brûler des lèvres jusqu'à l'estomac rien qu'en le humant. Un vrai moment de street-food que l'on gardera en mémoire.

Les Gili's et l'écologie

Certaines plages sont envahies de petits coraux et coquillages délaissés là par la marée, plusieurs facteurs peuvent en être la cause et vous verrez de vous-mêmes de nombreux coraux blanchis ou dans un processus de dépérissement déjà actif, malheureusement dû à El Niño, à la pêche à l'explosif, aux ancres qui les arrachent ou encore aux coups de palmes/pieds des touristes... on dit que leur reconstitution est en bonne voie, mais il faut toutefois veiller à rester vigilant dans l'eau en posant le moins possible les pieds au sol, et en essayant de rester le plus à l'horizontal possible, sans donner trop de coups de palmes par peu de profondeur... ce ne sont que mes recommandations, mais elles peuvent vous être utiles si vous ignorez ceci comme nous l'ignorions nous-même avant de partir.

Comme beaucoup de pays en Asie, la gestion des déchets ainsi que les problèmes environnementaux locaux et décuplés par le tourisme sont un fléau, mais depuis quelques années les initiatives ne manquent pas, par exemple à Gili Trawangan on a désormais la possibilité de payer une écotaxe mise en place par Gili Eco Trust pour améliorer l'environnement de l'île, notamment avec le projet de régénération du corail, Biorock. Depuis 2009, ils s'attaquent aussi à la collecte des déchets et au recyclage, de même il est possible de participer au nettoyage de l'île, le premier vendredi du mois, sachant que Gili T compte pas moins de 2000 pailles ramassées par mois... pensez-y.

Où dormir à Gili Air ?

Lorsque nous avons débarqués à Gili Air, je m'étais notée l'adresse de petits bungalows bien sympathiques, du nom de Ocean's 5 Dive Resort, mais malheureusement ils étaient tous complets à notre arrivée sur l'île.

On a donc fait quelques mètres et trouvé notre bonheur, un bonheur dénommé Villa Karang, un lieu tout aussi charmant que le précédent, avec une piscine d'un bleu enchanteur, qui ne demande qu'à y plonger.

Ces deux adresses ont la chance d'être situées à côté du harbor d'où arrivent et repartent les bateaux, si vous avez des gros sacs/valises ce détail peut avoir son importance. Autrement vous n'aurez aucun mal à vous loger sur cette île, il existe un tas de petites adresses comme celles-ci, à des prix dérisoires.

— Je reviendrais plus en détails sur les logements de ce voyage dans un prochain article.

De ces deux jours à Gili Air, je retiendrais un arrêt sur images, comme une carte postale, une pause bien méritée dans l'euphorie de nos découvertes balinaises, du temps pour soi, du partage, et une île qui respire la zénitude. On y vient pour se requinquer, se détendre, et on en repart enchantés.

La traversée cauchemardesque

Ce samedi 9 novembre, après avoir profité de chacune des minutes de retard de notre bateau pour partager de chouettes moments avec la population locale, celui-ci décide finalement de montrer sa proue.

Les bateaux rapides que l'on appelle communément fastboats ont la douce réputation de n'être jamais vraiment à l'heure, on n'est donc pas inquiets de voir arriver le nôtre avec presque une heure de retard :s
Nous étions si bien dans notre cocon, que nous ne nous doutions pas le moins du monde de ce dans quoi nous allions nous embarquer.

Nous avons opté pour la compagnie Scoot Fast cruise, référencée sur notre guide, il est environ 14 heures lorsque nous embarquons les pieds dans l'eau sur le Super Scoot, il commence à pleuvoir lorsque nous nous éloignons tranquillement de Gili Air, le fastboat est le bateau le plus rapide pour rejoindre Bali, mais il fait escale sur les trois Gili's avant.

Nous récupérons donc des voyageurs à Trawangan et Meno avant que l'aventure ne commence. La mer est agitée, le ciel se noircit, et je sens l'angoisse montée en moi lorsque je me rappelle avoir vu aux informations que le plus violent typhon jamais connu allait balayer les Philippines et que le temps n'était pas terrible de ce côté-là de la planète à ce moment-là, même si les Philippines sont à des années lumières de moi à ce moment précis, je ne peux m'imaginer que des scénarii de ce genre lorsque je vois la tempête s'abattre sur nous.

La traversée de l'enfer commence, le bateau se prend de sacrés creux, si bien que j'ai l'impression à chaque vague que l'on va se retourner, je n'ai jamais vécu de choses pareilles, les gens s'accrochent comme ils le peuvent, je m'agrippe au siège avant, mes doigts crispés ne parviennent pas à me retenir, nous sommes au cœur de la tempête. Et ce n'est que le début d'un long et pénible voyage, le plus pénible de ma vie.
Impossible de naviguer à allure normale, les vagues sont telles qu'elles s'explosent sur les vitres du bateau, rentrent même parfois à l'intérieur, les minutes semblent des heures, les plus longues de ma vie, le gilet de sauvetage enfilé, je regarde paralysée les gens autour de moi, paniqués, certains sont malades, j'ai l'impression d'être dans un film tant la situation paraît irrationnelle.

Quand l'expression "être dans le même bateau" prend tout son sens.

Plus nous avançons, plus nous nous enfonçons dans le tumulte des vagues. Bali ne m'a jamais parue aussi éloignée, je vois défiler des images de ma vie comme si j'allais mourir, Flo n'est pas plus rassuré, nous sommes en pleine tourmente et devant notre impuissance nous nous observons tous sans le moindre mot, choqués par le chaos de cette nature si virulente.

Chaque vague est un choc, sentir la mer se briser sur les flancs du navire, le son brutal de la coque qui vient s'exploser dans le creux des vagues,  comme si elle venait à se décomposer, se briser sous nos pieds.
Nous ne sommes plus rien, transis de peur, nous frémissons à ces va-et-vient nauséabonds, notre seule rêve est de retrouver la terre ferme.

L'insoutenable lenteur du bateau, ralenti par ses abîmes décuple toujours plus nos inquiétudes, la quiétude des jours heureux à Gili Air s'est envolée et avec elle tout le capital détente que l'on y avait gagné, quel gâchis !

Ce voyage éprouvant prendra fin au bout de trois heures, trois heures de montagnes russes, après lesquelles nous arrivons finalement à Bali sains et saufs, je ne sais par quel miracle, le fastboat ne s'est pas retourné, n'a pas coulé, ne s'est pas fendu.
Nous sommes en vie.

Constat général : la mer est souvent agitée sur ce trajet, à en lire les avis sur Tripadvisor, notamment à la saison des pluies. Mais la sécurité ne prime pas malheureusement, comme j'ai pu le remarquer à plusieurs reprises en Asie, on vous embarque quoiqu'il arrive sans trop s'imaginer les conséquences, sans connaître les risques non plus.
Ce n'est pas la compagnie qui est à pointer du doigt ou bannir, car les autres prennent la mer de la même manière, mais je pense qu'il y a un gros travail à faire en matière de sécurité dans ce genre de détroit.
Si je devais le refaire, je prendrais un ferry, plus long mais beaucoup moins risqué.


 
« La mer, ô célestes abîmes,
Vous est égale en majesté !
Elle a ses profondeurs sublime, 
Elle est aussi l’immensité ;
Ce qu’est à l’air le vent qui gronde,
Les courants le sont à son onde ;
Elle a son azur éternel, ses météores, ses étoiles,
Et le navire ouvrant ses voiles
Est l’oiseau de cet autre ciel !  »
— Victor Hugo.
 
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