Lac du Ninu

 

Vous savez ma passion pour les lacs, j’en parle souvent ici, au-delà des randonnées, j’aime pardessus tout les lacs, les étendues d’eau à l’état sauvage. Cela faisait des années que je rêvais de découvrir le Lac du Ninu entouré de pozzine dans lesquels galopent des chevaux, le décor était planté, là dans ma tête et me faisait rêver depuis longtemps, alors par une belle journée printanière, en famille & entre amis, on est montés découvrir par nous-même cette beauté de notre nature.

Proust disait quelque chose comme « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.»

On dit souvent que l'on délaisse ce que l'on a à portée de soi, que l'on ne s'y intéresse guère, que l'on oublie de regarder autour de nous, notre monde nous apparaît tellement routinier, tellement toujours semblable, que l'évidence de simplement ouvrir les yeux et juste, observer, contempler, semble s'effacer au fil du temps qui passe… Mais l’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ? Ne dit-on pas que le plus simple des bonheurs est à portée de mains ? Qu’il est là où nous nous trouvons et que la seule manière d'y accéder est de s'y ouvrir, d'être capable d'être là, quelque part, et de profiter de l'instant présent ? N'est-ce pas cela finalement le bonheur ?

On connaît notre monde tel qu'il est, tel qu'il nous apparaît, notre petit monde à nous, celui que nous nous façonnons, & que nous rencontrons quotidiennement depuis notre naissance. De notre village, de notre région que l'on connaît par cœur, nous ne faisons souvent plus attention aux détails, parfois, le seul fait de voir un cliché avec la vision d’une personne extérieure à notre élément de vie, nous démontre bien que notre œil a la connaissance de l’environnement tel qu’il le côtoie depuis de nombreuses années. Nous ne percevons pas les mêmes choses, nous sommes d’ailleurs bien plus sensibles à des détails de vie, à des prises de vues originales dans des lieux que l’on ne connaît guère, que l’on découvre à peine, alors que nous ne voyons plus toujours les détails de notre propre quotidien. Notre monde peut facilement devenir transparent.
C’est sur cela que je m’efforce de travailler, depuis plusieurs années. Porter un œil nouveau sur chaque chose, regarder les détails, les façades, les décors, les paysages, les objets, car tout autour de nous a quelque chose d’hors du commun, nous l’oublions souvent, alors il est important de toujours regarder les choses avec un nouveau regard.
S’intéresser au monde qui nous entoure, le préserver et le rendre plus beau, chaque jour que Dieu fait.

En tant que Corses, nous nous rendons souvent compte que malgré les années à parcourir l’île du Nord au sud et d’Est en Ouest, il nous reste encore des tas d’endroits inexplorés à découvrir. Cela va s’en dire que les touristes qui la visitent sont même souvent plus informés que nous, connaissent même mieux certaines parties de notre si belle région que nous.
En pratique, il est vrai que nous nous attelons à découvrir ou à flâner dans des lieux depuis toujours, en quête d’isolement, de tranquillité. Il y a les lieux à la mode, et ceux dont est habitués depuis toujours à parcourir.
Et puis il y a ceux que l’on rêverait de découvrir, mais qui demandent une prise de risque plus importante, on en reparlera par ailleurs. Le GR20 en fait partie.

Aussi, il y a ces lieux, que tout le monde connaît de nom, mais que l’on n’a pas toujours eu l’idée, l’envie, ou le temps d’aller voir. On se dit que l’on finira bien par y aller un jour, que l’on a toute la vie devant nous… et la vie passe.

DÉVALER LA PENTE, POUR MIEUX LA REMONTER.

Cela pourrait être une citation, c'est en tous cas, pour pas mal de randonnées en Corse, une devise à connaître...

Notre parcours débute par une descente dans les bois, dans la forêt du Valduniellu, charmante forêt ombragée par d’immenses pins laricio. On descend, descend, descend, jusqu’à finalement enfin se stabiliser sur du plat, mais cela sera de courte durée puisqu’une fois le chemin de ronde passé, il nous faudra entamer la montée jusqu’au col Saint Pierre.
Cette fois-ci le soleil nous fait face, et, au fur et à mesure de notre progression, se dessinent comme fond dans le paysage les sommets incroyables de la Paglia Orba jusqu’au Monte Cintu & le Capu Tafunatu en panorama dans un ciel parfaitement bleu.

De jolies fleurs, une nature verdoyante, des animaux sauvages croisés en route, et même quelques mètres carrés de neige oubliée, le printemps est la période idéale pour faire des photos riches en couleurs.
Le paysage fait oublier l’épreuve de la montée et donne même l’envie de se surpasser pour voir ce que l’on attend tant, le lac & ses merveilleux chevaux sauvages.
La randonnée prend tout son sens lorsque nous arrivons devant l’un des arbres les plus photographiés de Corse, il s’agit d’un pin à la forme des plus originales puisqu’il est quasiment à l’horizontale, ce qui laisse imaginer la puissance des vents sur ce sommet.
Deux crêtes s’offrent à nous avant d’affronter le dernier gros dénivelé de la randonnée. Les crêtes rocheuses sont impressionnantes, et la déclinaison des paysages qui s’en suivent aussi. Un chemin en terre, et des cairns sont là, plus présents qu’auparavant, pour nous amener au plus haut point de notre journée. A Bocca A Reta se trouve ici, à 1 883 mètres d’altitude, annonciateur de notre arrivée imminente

Après quelques mètres, nous l’apercevons enfin, il est là, devant nos yeux, plus que quelques kilomètres et nous l’atteindrons. Ici, on change complètement de décor, des paysages idylliques verts et jaunes par endroits, et l’on aperçoit, près du lac, les fameux chevaux que je rêvais de rencontrer. Des allures de plaines irlandaises dans l’un des panoramas les plus abruptes de l’île.
Telle une peinture, le premier plan dépeint des tonalités enchanteresses, mélodieuses, le ballet des chevaux galopant ici en liberté, des pozzi et, en fond, les plus beaux sommets de l’île, sur lesquels la neige hivernale est encore visible quelque temps.

On y passera un long moment, à contempler et profiter de la douceur des lieux, des animaux sauvages, le temps s’arrêtera le temps d’un pique-nique improvisé avec vue sur le lac, de beaux moments qui seront malheureusement écourtés.

LE NINU

Source du Tavignanu, le lac du Ninu a la particularité d’être entouré de pozzine, ce sont des formations d’eau découlant du lac entourées d’une pelouse fragile, qu’il est interdit de piétiner. La faune y est très diversifiée, et il n'est pas rare d'y trouver des chevaux sauvages à la saison estivale, ainsi que vaches, mulets, cochons, ânes...
Il s’agit d’un lac glaciaire, situé sur le massif du Rotondo, à 1743 mètres d’altitude, dominant le col de Vergio, dans le Niolu. C'est aussi le deuxième lac naturel de Corse.

ITINÉRAIRES

Deux itinéraires s’offrent aux randonneurs, le premier par le sentier du GR20 (balises blanches/rouges), depuis la station de ski du col de Vergio sur la D84 à 10 km d'Evisa. Le sentier prend la direction du col de Saint-Pierre (San Petru) à 1 452 mètres et se poursuit jusqu’à A Bocca A Reta 1 883 mètres, et descend ensuite jusqu’au lac.
Environ 700 m de dénivelé, 14 km aller-retour, on parle de 6 à 8h de marche aller-retour, cela reste assez aléatoire comme information.

Autre départ sur la D84, 8km plus bas, vers la maison forestière de Poppaghja à 1 120 m. Ce sentier (balises jaunes) permet d’éviter la foule estivale du GR20 mais le dénivelé est beaucoup plus important malgré un temps de randonnée moindre. On atteint A Bocca A Stazzona à 1800 mètres au bout d’1h15, où un très court passage nécessitera l'usage des mains, ensuite on se retrouve face au lac, où l’on aura plus qu’à descendre tranquillement, avant de repartir
Environ 900 mètres de dénivelé, 10 km aller-retour et environ 5h de marche.

Cependant il est possible d’effectuer des variantes en passant par la ronde du Valduniellu par exemple (ce que nous avons fait) ou de faire un aller et un retour différent…


CONSEILS

  • Partir tôt le matin sur la randonnée, et redescendre très tôt en milieu de journée

  • En cas d’orage, évitez les crêtes du sentier du GR20 et préférez le sentier de Bocca A Stazzona

  • Ne pas piétiner les Pozzine

  • Prévoir de l’eau en bonne quantité, même si cela pèse dans votre sac

  • Les orages étant très fréquents en montagne, notamment l’après-midi en été, restez toujours à l’écoute, et demandez des informations aux locaux avant d’entreprendre une randonnée

Malgré la magnifique journée, et une météo favorable au soleil, la montagne apportera une fois de plus son lot de surprises, malgré les prévisions attendues.
La chance que l’on a lorsque l’on est sur de tels sommets, c’est de pouvoir observer au loin ce qu’il se passe. Au loin donc, une formation nuageuse semble se former, intensément, et surtout, avec les vents, semble rapidement se rapprocher de nous. Nous décidons donc de repartir aussitôt le repas terminé.

13 heures, nous entamons la descente en sens inverse.
Un brouillard intense s’oppose à nous, nous nous y mêlons et descendons à la hâte afin d’éviter une possible pluie, ou pire, un éventuel orage. Rien de tout cela, mais la prudence est toujours de mise lorsque l’on décide d’affronter les plus hauts sommets de l’île. Il vaut mieux toujours être prudents. Un orage ne pardonne pas, et il vaut mieux ne pas avoir à en essuyer un. Partir tôt et redescendre tôt sont les maîtres mots de la situation. Et même si la météo prévoit un temps clément, toujours avoir un oeil sur le ciel ou la météo des montagnes sur son téléphone, car, en montagne plus qu’ailleurs, les conditions météorologiques changent sans que vous n’ayez le temps de vous en apercevoir, donc gardez toujours cela en tête, soyez prudents, et informés, en temps réel de l’évolution du temps.

 
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